Vers une transition de notre modèle socio-économique

Introduction

« Et si la promesse des énergies propres n’était qu’un leurre… Le remède ne risque-t-il pas d’être pire que le mal des énergies fossiles ? » C’est la question que pose le  documentaire La Face cachée des énergies vertes.

« La Face cachée des énergies vertes » est le titre du documentaire soumis à notre analyse, est une enquête sur les énergies vertes et de ce qui les entoure (inspiré de l’essai de Guillaume Pitron La Guerre des métaux rares).

« On a des pollutions multiples qui font que ce sont des zones entières de la planète qui sont polluées et comme, de toute façon, nous vivons tous sur la même planète, si on dépollue le centre-ville avec des voitures électriques, mais que l’on pollue le reste de la planète, au final, les gaz à effet de serre ne diminuent pas. C’est bien le paradoxe de cette transition énergétique », explique le coréalisateur du film, Jean Louis Pérez.

Face au changement climatique, les citoyens exigent des décisions concrètes, incarnés notamment par Greta Thunberg: une militante écologiste suédoise engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique. Elle est rendue populaire lors de son discours au siège de l’Organisation des Nations unies en confrontant les décideurs politiques à la crise existentielle résultant du changement climatique auquel l’humanité doit faire face.

Ainsi, les changements climatiques entraînent de nombreux pays à s’engager dans la transition énergétique lors de la conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques qui a lieu du 30 novembre au 12 décembre 2015 (COP 21). Cette dernière établit que chaque année, les participants de cette conférence se réunissent pour décider des mesures à mettre en place, dans le but de limiter le réchauffement climatique.

Il est ainsi posé la notion de transition énergétique afin de mettre en place des technologies et énergies vertes.

Vraisemblablement, ces énergies dites « vertes » sont la cause de plusieurs désordres environnementaux notamment dues à l’utilisation massive de minéraux et des métaux rares.

Les enjeux politiques et industriels enrobant les énergies vertes (les enjeux sont les interrogations de nombreux domaines) conduisent à nous demander: quelle est la face cachée des énergies vertes ?

I. Vers un avenir périssable : une surexploitation des ressources

La transition écologique est avant tout une transition économique qui s’articule en premier lieu autour du marché automobile.
C’est ainsi que le salon automobile de Genève présente l’électrique comme « à la mode » et le futur marché dit « éco-responsable » : on utilise l’argument écologique pour se réinventer. De ce fait, et de façon logique, le grand public souhaitent avoir recours à des solutions plus propres et plus respectueuses de l’environnement ce qui le conduit à l’achat et l’utilisation de ces véhicules. De plus, ces nouveaux véhicules sont présentés comme entièrement propres notamment avec l’argument ZE (zéro émission): une fois encore l’argument écologique est avancé.
La COP 21 a instauré que tous les fabricants de voitures se doivent de respecter les objectifs fixés (réchauffement climatique passant par réduction de la pollution) sous peines de pénalités importantes. Ainsi, les voitures électriques apparaissent idéales car qualifiées sans émissions, des voitures qui ne polluent pas, tout ce que l’on peut trouver de plus « propre » sur le marché. Tout cela conduit à un investissement avoisinant les 225 milliards d’euros d’investissement qui est « le prix à payer pour faire partie du monde de demain ».

Cependant, si l’investissement est aussi important, c’est parce que les véhicules électriques nécessitent des matériaux spécifiques. En effet, le pétrole a peut-être été abandonné mais des matières premières indispensables le remplace: les métaux rares. Ces derniers disposent de particularités physiques et chimiques qui leur permettent de faire fonctionner une voiture électrique, même si ils étaient déjà présents dans les voitures à essence (europium et indium). Il convient de nuancer que dans les voitures électriques, les métaux rares occupent une fonction vitale car sans le Neodym une voiture électrique « ne roulerait pas ». Aussi, la batterie qui est le cœur du véhicule pèse la moitié de ce dernier et peut-être composé de cobalt, graphite et lithium. Ainsi l’industrie automobile est devenue entièrement dépendante de ces métaux.
En réalité, ces métaux ne sont pas utilisés uniquement pour la conception automobile « propre ». Par exemple, les cellules des panneaux solaires ou les éoliennes, également qualifiées d’énergies vertes, nécessitent l’utilisation des métaux rares pour leurs conceptions. Il faut savoir que pour faire tourner une éolienne, on a recours à une 1 tonne de ces métaux: c’est une dépendance.

Il paraît normal de se demander d’où proviennent ces ressources: de la République démocratique du Congo (cobalt), d’Australie/Chili/Bolivie (lithium) ou encore d’Indonésie.
Cependant, un pays détient la plupart des réserves stratégiques et est le 1er producteur mondial de métaux rares: il s’agit de la Chine.
La Chine détient notamment un grand réservoir de graphite (qui peut être destiné à diverses utilisations comme la fabrication de l’acier pour l’industrie métallurgique) à l’extrême nord du pays et peut être extrait via la mise à nue des nappes phréatiques (nappes d’eau recentrée à faible profondeur).
Elle dispose également de milliers de mines et de métaux rares, disséminés dans tout le pays. De plus, la demande augmente de 25% par an pour certains métaux rares.
Il convient de rappeler que l’extraction de ces métaux est dangereuse car l’air est contaminé par des produits toxiques ce qui met en danger la vie des ouvriers (ils déclarent ne pas avoir le choix car ils doivent nourrir leur famille).

Dans certaines zones minières, les habitants quittent leurs maisons/villages entiers et les laissent à l’abandon. Cela s’explique notamment par le fait que les entreprises évacuent les eaux usées et certains produits dans la nature et ne les traitent uniquement quand le gouvernement le demande.

Aussi, le raffinage de terres rares est la principale cause de pollution et des rejets sauvages d’eau usées ce qui amène à des lacs artificiels alimentés par des torrents d’eau noirs lourds en produits toxiques (provenant des usines ou des centres industriels comme ceux que les chinois créent).

Les eaux usées rejetées s’infiltrent au sol et par la suite, le peuple consomme cette eau. La contamination radioactive atteint également les habitants à cause de la pollution de l’air, vu plus tôt, liée à l’activité industrielle.

Les premiers réfugiés des technologies vertes sont les agriculteurs qui doivent partir à cause des risques sanitaires: il s’agit d’une véritable détresse et ils ne bénéficient d’aucune aide.
Parmi ces risques sanitaires, les eaux pleines de particules blanches, qui entraînent des cancers or cette population ne bénéficie pas d’eau potable: ils sont donc lésés, ce sont des « dommages collatéraux ». Il n’existe aucune énergie 100% propre qui ne fait pas intervenir un minimum d’impact lorsque l’activité humaine est dans l’équation.

Les technologies vertes sont consommatrices de toutes sortes de métaux, une éolienne a par exemple pour coût de production 20 tonnes d’alumine et 500 tonnes d’acier.
Ainsi, si l’on passe à un modèle électrique alors la demande de matériaux rares serait conséquente et leur exploitation abusive (voir impossible pour cause de surexploitation).
Les demandes mondiales en métaux rares de façon générale s’intensifient au fur et à mesure du temps et donc le nombre d’heures et de machines augmentent.
L’utilisation des véhicules électriques est sûrement moins polluante que les véhicules actuels, mais leurs conceptions l’est tout autant. Certes, on réduit la pollution en ville mais si l’on augmente le degré de pollution ailleurs, peut on réellement affirmer que c’est un concept « vert et propre ».

En effet, ce mirage écologique est le prix de la purification de l’air en Europe.

II. Un mirage humanitaire et écologique: entre conséquences environnementales et populations lésées

L’extraction excessive des minerais et l’activité liée à l’exploitation des ressources entraînent une pollution majeure qui a un impact direct sur l’environnement et les populations.
On dénombre notamment des conséquences graves liées à l’eau (particules blanches, eau non potable) car pour ces activités, on utilise beaucoup d’eau.

Les ressources en eau s’épuisent car son utilisation est supérieure à la production d’eau de la Terre, symbole d’une surexploitation des ressources. En parallèle, la population se voit subir ces activités.
En effet, les populations locales contractent des maladies mortelles, des cancers plus spécifiquement du poumon qui en est la principale cause. Les études démontrent que les toits des écoles sont contaminés par de fortes concentrations de particules de métaux lourds. Ainsi, 1 personne sur 10 souffre d’un cancer (dans la population locale chilienne à l’activité liée aux métaux) et touche même les adolescents (décès d’un jeune homme de 17 ans atteint d’un cancer du poumon).

Le témoignage d’une femme affirme que l’un de ses fils ne peut rester plus de deux jours car l’air y est irrespirable tandis que l’autre fils présente des nodules aux poumons à 23 ans.
Le chili est également marqué par un paradoxe fort, celui de la centrale à charbon. En effet, cette dernière fournit 43% de l’électricité du pays mais à des rejets toxiques qui provoquent également le cancer. Le paradoxe étant que cette dernière fournit du travail pour les ouvriers devant subvenir aux besoins de leurs familles, en plus de fournir la majeure partie de l’électricité du pays mais d’un autre côté propage la mort, la mort de ses habitants et de la planète.
L’économie ne s’intéresse pas à la santé et à l’environnement: il faut produire, des zones seront sacrifiées au profit d’autres zones mais il faut bien que quelqu’un paye le prix.

Ce propos est appuyé par le Chili qui promet d’arrêter l’utilisation du charbon mais pas avant 2040: la production reste le plus important. Il faut corréler à ça les publicités mensongères qui nous sont servies à l’image d’ENGIE qui se proclame leader mondial des technologies vertes et qui pourtant fait partie des entreprises ayant le plus d’industries de charbon au Chili (6 et une 7eme construite en 2015). ENGIE est également une des entreprises les plus importatrices de charbon. Ce charbon provient de Colombie et de Nouvelle-Zélande et voyage sur un cargo, un cargo qui pollue les océans. Il y a tout un monde invisible que l’on ne voit pas, que l’on ne soupçonne pas, à l’opposé de la propagande publicitaire qui nous est servie. À l’origine, les énergies vertes visent le zéro émission, donc réduire voir éviter la pollution mais en réalité c’est un déplacement de la pollution dont les dirigeants ont parfaitement conscience.

C’est le cas par exemple en Norvège, à Oslo, pays qui se dit le plus respectueux de l’environnement. Les bornes de recharges ont envahi leurs rues (on les estime à 8000 d’ici 2025), symbole d’une hypocrisie non assumée car les politiciens connaissent les origines et conditions d’extractions des minerais nécessaire à la production des bornes de recharges mais ils considèrent qu’électrifier les rues est plus important. De plus, la Norvège est le 7ème plus exportateur mondial de pétrole et de gaz, un pays précurseur des énergies nouvelles qui exporte en masse du pétrole et du gaz. Cela est symbole d’un pays qui mène une dualité politique voire bipolaire, qui remet donc en cause sa crédibilité.

On pourrait penser au recyclage pour éviter de toujours produire davantage, seulement les industriels qui se lancent dans ce système sont minoritaires. La plupart du temps, les déchets serviront à fabriquer les socles de futures éoliennes. Les métaux rares ne sont pas recyclés car ils sont plus cher que de les acheter directement dans les mines ce qui fait que le taux de recyclage est quasiment nul.

1 Milliard dépensé en lobbying climatique

CONCLUSION

Finalement, « La Face cachée des énergies vertes » met en évidence que le modèle de consommation actuel n’est pas durable.
Malgré des variations et évolutions technologiques, c’est toujours la pérennité des affaires qui l’emporte (devant l’environnement, la santé, et donc devant l’avenir).

Les sociétés industrielles parlent toujours de croissance, mais à quel tribut ?

Sur le plan du numérique, dans lequel nous sommes impliqués, l’utilisation toujours exponentielle de matériel informatique neuf accroît de manière inquiétante la pollution environnementale et la précarité sociale.

Si les leviers du numérique restent à qualifier pour diminuer notre empreinte écologique, il apparait que :

  • La sobriété numérique est indispensable pour réduire l’extraction de matières premières et ses impacts associés.
  • L’économie circulaire est un outil pour réduire à la fois l’empreinte environnementale de la construction et du fonctionnement de ces systèmes.

Il est donc primordial de laisser au passé les usages et pratiques industrielles basées sur l’économie linéaire afin d’assurer une transition vers un modèle d’économie circulaire et de sobriété.
Les services associés à cette transformation viendront remplacer les revenus issus de l’économie linéaire basée sur les énergies fossiles par des revenus de conception, utilisant au mieux les ressources cognitives dont l’homosapiens peut s’enorgueillir.
C’est le défi du « faire plus avec moins« . Cette transition est à la fois nécessaire, urgente, et enthousiasmante.

Par Ilian BIDAH

Responsable commercial transition numérique chez Neutral-IT