
Aujourd’hui, les hébergeurs webs focalisent la performance environnementale de leurs services sur la seule consommation électrique de leurs serveurs informatiques. Pourtant, cet angle d’analyse peut nous éloigner des objectifs de développement durable des Nations Unies. Nous allons montrer pourquoi cet indicateur est à utiliser avec précaution et pourquoi il faut fuir les hébergeurs qui changent trop souvent leurs serveurs !
Une analyse de cycle de vie étudie l’impact environnemental d’un produit ou d’un service tout au long de sa vie. Il permet d’apprécier leurs impact écologiques globaux. Il intègre les coûts environnementaux de la fabrication, les impacts de ce produit ou service lors de son fonctionnement ainsi que lors de sa fin de vie. Pour plus d’information, voir le site de l’Ademe sur ce sujet.
Lorsque nous avons réalisé notre Analyse de Cycle de vie, nous avons constaté que nos plus gros apports environnementaux étaient liés à :
| Source d’électricité | Teneur en CO2 (geqCO2/kWh) | 
|---|---|
| 100% renouvelable | 0 | 
| Suisse | 24 | 
| France | 67 | 
| Europe (27) | 296 | 
| Irlande | 393 | 
| Allemagne | 419 | 
| Pays-bas | 453 | 
A l’inverse, un hébergement en Irlande, Pays-Bas, Allemagne, Estonie ou Pologne serait particulièrement néfaste pour l’environnement.
Le rapport du Shift Project (ici, page 29) stipule qu’un serveur intègrerait 588kg de carbone lors de sa phase de production. L’ouvrage ‘Sobriété Numérique’ de Frédéric BORDAGE donne 500kg pour ce même objet. Ainsi, sur une durée de fonctionnement de 4 ans, la part des émissions carbones liées à la fabrication des serveurs par rapport à celles liées à leur fonctionnement, en France, en Europe et en Allemagne, se répartit ainsi (en noir et en chiffre la part des émissions liées à la fabrication) :
Avec une durée de vie de 4 ans, le poids des émissions carbones liées à la fabrication des serveurs va de 76% pour un service hébergé en France à 24% pour un service hébergé en Allemagne.
Chaque génération de serveur vient avec son lot d’amélioration de performance, notamment de performance énergétique. Des études ont été faites pour mesurer l’amélioration de performance énergétique des processeurs. Le chiffre de 25% tous les 2 ans est un ordre de grandeur « élevé » donné par l’étude accessible ici :
Ainsi, le bilan carbone d’un changement de serveurs varie en fonction du mix énergétique de sa source d’alimentation électrique. Le tableau ci-dessous détermine le temps de retour sur investissement carbone d’un changement de serveurs au bout de 4 ans, pour un nouveau serveur de performance énergétique améliorée de 56%. En d’autres termes, il donne le temps qu’il faudrait au nouveau serveur pour compenser l’empreinte carbone de l’ancien modèle grâce aux économies d’émission carbones liées à l’amélioration de sa consommation.
| Source d’électricité | Temps de Retour sur Investissement carbone (en années) | 
|---|---|
| 100% renouvelable | > 100 ans | 
| Suisse | 62 | 
| France | 22 | 
| Europe (27) | 5 | 
| Irelande | 3,8 | 
| Allemagne | 3,6 | 
| Pays-bas | 3,3 | 
Le tableau ci-dessus montre que dans les pays qui produisent une électricité à faible teneur carbone comme la France, la Suisse, la Suède, le remplacement d’un serveur a un coût carbone qui devra attendre plusieurs dizaines d’années pour être compensé.
Si nous intégrons en plus de l’empreinte carbone, l’empreinte liée à l’épuisement des ressources naturelles, changer de serveurs tous les 3 à 4 ans est une aberration écologique !
Pourtant, des nombreux hébergeurs appuient leur écoresponsabilité sur ce seul argument. Est-ce du verdissement de façade?
Dans un datacentre, les ressources limitantes pour la croissance financière de l’hébergement de services sont :
Ainsi, gagner 56% de capacité de traitement de la donnée avec un nouveau serveur dans le même espace physique et pour la même consommation électrique permet d’augmenter d’autant son revenu.
Faire son choix d’hébergeur écoresponsable consiste à identifier où ses serveurs se situent géographiquement (France, Suisse, Luxembourg, Suède…) et vérifier sa politique d’achat de serveurs informatiques (fuir les hébergeurs expliquant qu’ils changent leurs serveurs tous les 3 à 4 ans pour des raisons environnementales).
[1]: https://www.eea.europa.eu/data-and-maps/data/co2-intensity-of-electricity-generation
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